Le Crapaudrôme
Un crapaudrôme, qu’est-ce que c’est ? Des filets posés le long de la route pour éviter que les amphibiens se fassent écraser lors de leur traversée pour rejoindre leurs lieux de reproduction. Les crapauds se trouveront piéger dans les seaux et les bénévoles les feront traverser manuellement matin et soir.
Matériel nécessaire pour la traversée des crapauds : un gilet de sécurité, un seau, des gants souples, une lampe frontale (soir), un carnet & un crayon pour les observations, un appareil photo pour les espèces inconnues.
Pourquoi protéger les amphibiens ? Ils font partie de la biodiversité et sont un maillon de la chaîne alimentaire (consommateurs d’insectes).
En France, tous les amphibiens sont protégés ! L’arrêté ministériel du 19 novembre 2007, article R 411-1 du code de l’environnement, interdit également la perturbation ou la destruction des amphibiens et de leurs habitats.
Pourquoi s’intéresser au crapaud ? Le « prince » discret du jardin!
Ramassage des Crapauds et autres batraciens
Précautions : la peau des batraciens est fragile, non toxique pour l’homme, éviter quand même de vous frotter les yeux. Garder les animaux en main le moins longtemps possible. Laisser les seaux le plus bas pendant votre intervention, une chute de hauteur d’homme pourrait causer des lésions invisibles aux batraciens. Noter les observations, matin et soir, est nécessaire car elles seront transmises à la LPO, prendre des photos si vous ne connaissez pas les espèces.
Cette opération est une sensibilisation à la protection de la nature.
Cohabiter avec le Crapaud commun
Avec l’arrivée du printemps, le Crapaud commun va quitter son lieu d’hibernation et se diriger vers les mares ou les étangs afin de se reproduire. Mais ce long chemin à parcourir ne sera pas de tout repos !
Présent dans toute la France (jusqu’à 1 500 m d’altitude), le Crapaud commun occupe une très large sélection d’habitats, aussi bien les plaines que les forêts (mais globalement les milieux frais et boisés), tout en dépendant des zones humides. Celles-ci lui servent principalement de site de reproduction.
Bien qu’intégralement protégé en France par l’arrêté du 22/7/1993 ainsi que par la Convention de Berne (Annexe III), le Crapaud commun est menacé par plusieurs facteurs sur lesquels il est possible d’intervenir.
Préserver ses lieux de vie
Sur une année entière, le crapaud fréquente principalement trois lieux : un site d’estivage, un d’hibernation et un de reproduction.
Sur l’ensemble de ces sites, il est primordial de ne pas utiliser de produits phytosanitaires, qui détruisent quasiment toutes formes de vie, menaçant directement la santé du crapaud ainsi que celles de ses proies.
Pour les sites d’estivage et d’hibernation, il est important de créer ou de maintenir un habitat favorable : installer des tas de bois ou de pierres, des murets de pierres sèches ou encore des haies denses qui serviront de zone refuge ou d’alimentation.
Pour le lieu de reproduction, celui-ci a le profil d’une mare ou d’un étang avec une végétation permettant aux œufs pondus par les femelles de s’accrocher (roseaux par exemple). Dans tous les cas, il est important de penser à installer une planche qui aidera les crapauds et la faune en général à rejoindre la berge si celle-ci se révèle être trop abrupte. Le crapaud commun est très fidèle au lieu qui l’a vu naître, d’où l’importance de ne pas assécher les points d’eau où il peut être présent.
Des corridors écologiques au service des déplacements du crapaud
Les trois principaux déplacements du crapaud
- Du site d’estivage au site d’hibernation (en automne) : besoin d’un réseau de haies ou de bandes enherbées pour se protéger des prédateurs et se nourrir. La distance parcourue peut être de 3 km.
- Du site d’hibernation au site de reproduction (fin d’hiver/début de printemps) : fort risque de collisions routières (Plusieurs milliers de crapauds peuvent traverser la route en une nuit !).
- Du site de reproduction au site d’estivage (fin de printemps/début d’été) : mêmes dangers que lors du premier déplacement.
Lutter contre les collisions routières : la réalisation d’un crapauduc
Cet ouvrage est destiné à relier deux zones entre-elles, afin que les amphibiens puissent franchir un obstacle (mur, route, voie ferrée,…), le plus souvent en passant dessous en créant un tunnel. Mais avant de l’installer, il faut avant tout repérer au printemps où à l’automne les axes routiers où le taux d’écrasement est le plus important.
Planifier et agir pour favoriser l’accueil du crapaud
Le Crapaud commun est donc un formidable exemple pour illustrer la Trame Verte et Bleue !
Pour mettre en œuvre des mesures de protection à l’échelle communale, il est nécessaire de :
- Cartographier les différents points d’eau et leurs fossés associés pour avoir une idée des sites de reproduction potentiels du crapaud. Puis inventorier tout le réseau de haies qui peut exister entre ces points d’eau ainsi que vers des sites boisés qui seront des lieux d’estivages ou d’hivernation pour le crapaud.
- En fonction des résultats, il est possible de prévoir le renforcement de cette Trame Verte et Bleue (TVB), en définissant sur plusieurs parcelles un statut de Zone Naturelle ou Forestière (Zone N) dans le cadre d’un renouvellement de Plan Local d’Urbanisme (PLU) par exemple. Les travaux de plantations de haies ou les créations de mares peuvent associer les écoles ou les associations de la collectivité et ensuite être valorisées par la presse.
- Maintenir des bandes enherbées le long des sentiers pédestres ou autour des parcelles agricoles, en lien avec les exploitants afin de renforcer la Trame Verte et Bleue.
Enfin, à l’échelle de chaque individu, chacun peut prévoir l’accueil du Crapaud commun dans son jardin en aménageant par exemple un tas de bois mort ou de pierre et surtout en proscrivant l’utilisation de produits phyto sanitaires chimiques.
Aussi commun qu’il peut paraître, le crapaud commun est finalement une espèce qui nécessite la collaboration de nombreux acteurs, de l’échelle d’un petit espace vert à celle d’une commune entière ! Formidable illustrateur de la Trame Verte et Bleue, il est également une espèce « parapluie » : sa présence est indicatrice d’un habitat fonctionnel, qui attirera par conséquent de nombreuses autres espèces (Grenouille rousse, Triton alpestre,…).
La LPO