COMPOSTELLE
Jacques est fils de pêcheur en Galilée (Israël), et frère de Jean l’Evangéliste. Jacques est l’un des premiers disciples de Jésus. Les deux frères vont l’accompagner durant plusieurs années (Marc 1,19).
Jésus-Christ mourra en 33 et les apôtres alors vont se séparer. Jacques partira vers l’occident, sa mission évangélique en Espagne ne sera pas concluante. Il mourra en 44 à Jérusalem par ordre du roi Hérode et sera le premier apôtre à subir le martyr. Hérode Agrippa interdit que l’apôtre soit enterré. Ses amis emmènent le disciple sur un bateau sans voile ni gouvernail et échouent à la Ria de Galice. Après quelques démêlés avec les rois de cette contrée, Jacques est enfin enterré.
Légende :
Au IXe siècle, Pelayo, un ermite, guidé par des lumières surnaturelles aurait découvert le lieu du tombeau « Campus Stella » (le champ de l’étoile) de Saint-Jacques. Théodomire, évêque de Iria Flavia (aujourd’hui Padron, commune en Galice, Espagne) a vent de cette nouvelle. Il confirme la découverte et fait édifier une église à Santiago dont la renommée va s’étendre de la péninsule Ibérique à toute l’Europe chrétienne. Au Moyen-Âge, les reliques sont très admirées. Les histoires de miracle ne manquent pas.
Coquille et Compostelle :
Dans l’Antiquité, la coquille est symbole d’Amour (coquille de Vénus), elle protège des maladies et des mauvais sorts.
Sur les plages de Galice, les coquilles se ramassent en grand nombre, les pèlerins les ramènent naturellement en souvenir de leur pèlerinage et vont même se faire enterrer avec, puis au XIIe siècle la coquille devient un commerce pour l’archevêché de Santiago, des règles strictes seront instaurées. Aujourd’hui, on part pour Saint-Jacques avec sa coquille sur son sac ou sur son bâton.
Porter la coquille est un insigne pour les pèlerins qui permet de circuler en sécurité, elle symbolise le marcheur inoffensif. La besace et le bourdon sont les emblèmes du pèlerin. Le bourdon symbolise le bois de la croix du christ, qui permet de supporter la fatigue et la douleur.
Chacun son chemin :
Selon le guide du Pèlerin d’Aimery Piccaud (XIIe siècle), quatre routes mènent à Saint-Jacques-de-Compostelle
° La via Turonensis, au départ de Paris, en passant par Tours.
° La via Lemovicencis, au départ de Vézelay, en passant par Limoges.
° La via Podiensis, au départ du Puy-en-Velay, en passant par Cahors.
° La via Tolosane, au départ d’Arles, en passant par Toulouse.
Au Moyen-Âge aucune route n’a été tracée pour Compostelle. Les itinéraires se sont fait naturellement par le pèlerin qui utilise les routes existantes en passant par des villes riches d’églises et sanctuaires où des reliques sont à vénérer. Le Jacquet aussi cherche le gîte pour passer la nuit. Pour nous Hauts-Savoyards, il existe la via Gebennensis appelée aussi le Jakobsweg qui part de Genève. Les pèlerins Suisses, Suisses-Allemands, Allemands, Autrichiens,… se retrouvent à la Cathédrale Saint-Pierre à Genève pour se diriger vers Carouge, Compesières, …
Bien sûr pas besoin de rejoindre La Place Cornavin pour partir, le lieu de départ peut être très bien son domicile pour rejoindre un camino. Pour les autres régions, il existe des bretelles pour rejoindre les principales voies. L’Espagne a aussi ses propres voies, ainsi que le Portugal, l’Italie, la Croatie, l’Allemagne, l’Autriche, la Pologne, la Hongrie, la Belgique, les Pays-Bas, le Danemark, l’Angleterre. Dès le XIIIème siècle, les Anglais débarquent à Dieppe (76) pour aller à Santiago, ils prennent la route vers Chartres pour éviter Paris. Après de longues recherches, un groupe d’amis randonneurs-pèlerins Normands remettent à jour le parcours moyenâgeux. En 2002, une nouvelle voie est née « La Route des Anglais », Dieppe-Rouen-Evreux-Chartres.
Un clou a été posé devant la Cathédrale Notre Dame de l’Assomption de Rouen en Juillet 2014 pour identifier la nouvelle voie. Ce clou a été imaginé par Patrick Lefebvre (Historien) et réalisé par les élèves du LP Colbert de Petit-Quevilly. 500 clous en fonte seront posés.
Au Moyen-Âge, c’est le premier pèlerinage religieux, aujourd’hui il l’est encore mais est accessible aux randonneurs sportifs, aux chercheurs de spiritualités, …
Une Année Sainte, c’est quand le 25 juillet, fête de l’apôtre Jacques tombe un dimanche et cet événement se produit 14 fois par siècle. C’est en 2010 qui a eu lieu la dernière Année Sainte, et la prochaine sera en 2021.
En 1987, le Conseil de l’Europe a proclamé le Chemin de Saint-Jacques « Premier itinéraire culturel européen ». En 1998, il est classé au patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO.
Balisage des chemins de Saint-Jacques en Suisse par Henri Jansen
Dès 1999 le chemin de St-Jacques à travers la Suisse, du lac de Constance à Genève, a été balisé de bout en bout par les organisations cantonales de tourisme pédestre (balises brunes). Depuis 2008, le « Chemin de St-Jacques » suisse fait partie des quelques 10 grands itinéraires nationaux. Il porte le N° 4 et est appelé » Via Jacobi » sur tout le territoire Suisse. Les indicateurs jaunes avec les autocollants verts ou verts et bleus. Le balisage est réalisé dans les 2 sens de marche.
Il apparaît dans les archives genevoises en 1359 qu’un hôpital Saint-Jacques-du-Pont-du-Rhône et une chapelle existaient mais ceux-là disparaîtront à La Réforme. Au Moyen-Âge, les pèlerins se retrouvaient sur la place du Bourg de Four.
Se préparer :
Les différents livres et revues ou blogs indiquent de se renseigner auprès d’une association jacquaire avant de débuter son périple, des informations nécessaires seront présentées (les adresses des accueils jacquaires, estimation de son budget, son sac, le balisage, recommandations, achat de sa crédencial,…)
Une crédencial (laïque) est un carnet, un peu comme un passeport, avec des petites cases. A chaque étape il faudra faire tamponner ce carnet qui prouve votre passage sur le chemin de Compostelle. La Créanciale est un carnet édité par l’Eglise, on l’obtient par le biais de sa paroisse, il est nécessaire pour l’accès aux gîtes d’étape et obligatoire en Espagne. En fait les deux carnets ont la même fonction. SARRIA est la dernière ville en Espagne où l’on pourra acheter une crédential.
Le livret jaune édité chaque année, Chemins de COMPOSTELLE en Rhône-Alpes, primordial pour tous les renseignements pratiques sur le chemin de Genève au Puy-en- Velay.
Un sac à dos de 40 litres est suffisant pour le remplir au minimum, pas plus de 8 kg car souvent le pèlerin se charge trop et se sépare en cours de route de ses affaires. Le sac idéal : des chaussures de rando, une casquette, un coupe-vent, un pull polaire, un change, un sac de couchage, une serviette, des sandales, une lampe, une poche à eau, un appareil photo, un carnet avec stylo, un topo-guide, ses papiers d’identité + carte d’assurance, … une trousse de toilette équipée de quelques produits pharmaceutiques pour les petits bobos comme les ampoules et les tendinites.
La Compostela est un peu comme un diplôme délivré à tout pèlerin ayant au moins parcouru 100 km à pied ou 200 km en vélo avant Santiago après vérification du crédential donc un document qui prouve que vous avez bien fait le chemin jusqu’à la Cathédrale de Compostelle en Galice. La Compostela est délivrée sur place dans un bureau spécialement prévu pour cette dernière démarche.
En 1982, 1868 pèlerins ont reçu leur Compostela, en 2000 : 55 004 et en 2013 : 215 856.
Signalétique et balisage :
Plaquette Grande Randonnée (Bonne direction) : Jalon Blanc et rouge
Plaquette Jacquaire (Tout droit) : Coquille jaune sur fond bleu
CONTAMINE-SARZIN :
Le GR65 passe à Contamine, tout en haut du Chef-Lieu. On commence à voir les premiers marcheurs vers mi-avril (Pâques) et les derniers jusqu’à fin octobre. Certains prennent trois mois de congé pour aller à Santiago, d’autres ne vont qu’au Puy ou voir moins pour faire en plusieurs étapes le chemin sur plusieurs années, « Chacun fait son chemin comme il l’entend » (J-C Ruffin).
L’office de tourisme du Val des Usses de Frangy a identifié 314 jacquets en 2013, et 348 en 2014 dont une Canadienne et une Coréenne.
Les pèlerines et pèlerins arrivent de Minzier ou de Marlioz.
Une nouvelle variante sur le sentier a été créée récemment pour passer dans la Forêt de Marlioz et découvrir l’ancienne Chapelle restaurée et inaugurée en 2012. Le 25 juillet dernier a été inauguré les statues de la Chapelle, St-Jacques et St-Antoine de l’Ermitage. Deux superbes statues réalisées par le sculpteur Fernand TERRIER ; celles-ci ont été conçues pour qu’à chaque moment de la journée la lumière se reflète sur les arrêtes de la statue.
Jean-François Wadier a été le principal investigateur des recherches de la fameuse chapelle sans nom. Après de nombreuses lectures aux services des archives soit à Annecy soit à Genève et aidé par l’Académie Salésienne pour diverses traductions, les pièces du puzzle se réunissent et Monsieur Wadier prend connaissance avec Jacquemet de Sambaville, natif de Marlioz, marchand enrichi dans le commerce des toiles. Il est Conseiller de la ville de Genève en 1428 et élu Syndic de Genève cinq fois. Jacquemet achète en 1453 une maison à Marlioz pour en faire un hôpital . Le 4 mai 1454, il fonde une chapelle sous le patronage des Saints Jacques-le-Majeur et Antoine-l’Ermite. Un hôpital est une petite maison avec jardin qui peut accueillir 4 à 5 personnes dont pèlerins et pauvres gens. Une donnée, servante dévouée sans descendance, sera employée pour l’intendance, l’entretien et le service de la maison. En 1536, Genève adopte la Réforme et condamne les pèlerinages comme superstitions, le passage des pèlerins est interdit, l’hôpital de Marlioz tombe en ruine et disparaît complètement, la chapelle en désuétude est oubliée.
Deux familles reçoivent les Jacquets à Marlioz, et deux aussi à Contamine une Aux Platets et l’autre à La Gravelière. Puis à Chaumont, un gîte d’étape est ouvert avec une douzaine de couchage. Au Malpas et à Chaumont des chambres d’hôtes peuvent aussi recevoir les marcheurs, pour tous il est bien conseillé de réserver sa nuit.
Les tampons pour la crédencial des pèlerins à Contamine :
À Contamine-Sarzin, nous avons donc aussi un patrimoine jacquaire sur la Route du Mont de Musièges.
Le bas-relief « Le Dépouillement du Pèlerin » a été inauguré le 7 juillet 2001 par la délégation de Hte-Savoie, quelques Contaminois étaient présents. Ce bas relief en bronze a été réalisée par Stéphane Gantelet, artiste sculpteur natif de Seynod, en hommage à son père revenant de son pèlerinage à Compostelle en 1999. En effet, Henri Jarnier en balisant les 350 km du chemin de Compostelle et posé les 3000 plaquettes des coquilles de Genève au Puy a trouvé un site idéal une petite niche inoccupée dans un mur fraîchement construit ; il pense toute suite à son ami Léo Gantelet pèlerin et poète.
Bas relief en bronze, œuvre du sculpteur Stéphane Gantelet, coulé à cire perdue dans l’atelier Crisol à Sète. Le pèlerin, solide sur ses jambes, et vêtu de sa seule force morale, avance sur l’un des nombreux chemins qui convergent vers Santiago et que symbolisent les nervures de la coquille. Tendu vers son but, qu’il désigne de la pointe du bourdon, il est lui-même suivi par une cohorte de pèlerins de tous les âges et de tous les temps. Plus que… 1900 kilomètres ; et lui apparaîtront alors, comme en une vision, les tours de la cathédrale de Saint Jacques de Compostelle. Mais d’ici là, Ultreïa! Léo Gantelet
Article de Presse : Une plaque sur le chemin de Saint-Jacques (Le Dauphiné juillet 2001)
Léo Gantelet a entrepris deux grandes quêtes de pèlerin celle de Compostelle et de Shikoku au Japon en 2006. Léo est le premier français à avoir entrepris ce périple bouddhiste de 1400 km sur la plus petite île de l’archipel nippon. Il faut faire le tour de l’île dans le sens des aiguilles d’une montre, visiter 88 temples et y prier avec la tenue adéquate la veste blanche parce que c’est la couleur de la mort, un chapeau pointu en paille, un chapelet, une clochette pour chasser les mauvais esprits, un sac, son carnet à tampons, une étole et un bâton calligraphié qui protège le pèlerin, aussi des chaussures blanches.
En 2002, une superbe pierre de granit a été posée sur le bas-côté de la route du Mont, près de la stèle, qui fait d’office de borne celle-ci indique à nouveau le nombre de kilomètres aux pèlerins : 1826.
Au carrefour des chemins Marlioz-Contamine, au lieu-dit « Sur les Plans », route de la Grotte, a été construite une Grotte pour vénérer Notre Dame de Lourdes en 1940 par les paroissiens Contaminois en particulier les Jacistes (jeunesse agricole chrétienne) et dirigé par le curé Brand puis par le curé Blanchet. Cet oratoire a été érigé pour être sous la protection de la Vierge et pour lui témoigner reconnaissance. Deux autres grottes ont été aussi construites à Jonzier-Epagny et à Chavannaz.
Cette grotte est devenue incontournable pour les pèlerins, randonneurs et locaux car le GR65 passe devant. En effet beaucoup s’y arrêtent pour se désaltérer une fontaine d’eau potable a été installée il y a quelques années, se reposer ou même y passer la nuit pour les jacquets-campeurs. L’eau pour un pèlerin est primordiale dans sa grande journée de marche.
Peu le savent, mais chacun peut apporter des fleurs pour embellir le site, cela n’est pas réservé qu’aux dames de la paroisse.
Le 15 août une année sur trois la messe de l’Assomption y est célébrée. Toute la paroisse Saint-Jacques du Val des Usses de Frangy se retrouve ainsi rassembler.
L’association Les Amis de Contamine-Sarzin a été créé en 2011 dont une des principales motivations étaient de mieux connaitre son village dont son histoire, son patrimoine, son environnement.
Lors de nombreuses réunions de l’association, Compostelle, le sentier, les pèlerins qui demandent leur chemin, cherchent un gîte et à se restaurer ont fait partie de nos conversations. Mais cette toute jeune association a peu de moyen et ne peut répondre aux attentes de ces visiteurs de passage. Après quelques échanges avec la délégation des Amis de Saint-Jacques de Haute-Savoie et en regardant ce qui se faisait autour de nous, l’idée de lancer une souscription nous a semblé une excellente idée pour faire installer un banc sur le site communal de La Grotte. Nous avons informé la municipalité de Contamine-Sarzin de notre projet et après accord de celle-ci nous vous proposons de nous aider en faisant un don à votre convenance pour participer à cette petite entreprise.
Ce banc sera sur la route des Jacquets et sera surement apprécié de tous randonneurs et riverains.
Ultreïa ! Aller plus loin !
Quelques patrimoines jacquaires et autres de Genève à Frangy
Présentation de l’artiste : Stéphane Gantelet Revue ARA n°44 – Le Dépouillement du Pèlerin
Source : Chemins de Compostelle en Rhône-Alpes, délégation des Amis de St Jacques 74, lefigaro.fr, lepelerin.fr, routard.com, wikipédia, ladepeche.fr, Compostelle le livre des Merveilles (Patrick Huchet – Yvon Boelle), Survol, article de M-T Budda pour «Les Amis de Contamine-Sarzin », délégation Compostelle Suisse, association « Sur les chemins de Compostelle, Rouen-Chartres », entretiens avec Christian Chérasse, Henri Jarnier et Léo Gantelet, conférence « Qui n’en a pas rêvé ? » par Olivier Dunand, conférence «La chapelle St Jacques et ST Antoine » à Marlioz animée par J-F Wadier, livret L’Hôpital et la chapelle, St Jacques Apôtre et St Antoine Ermite au XVe siècle & Le pèlerinage aux reliques au XIXe siècle, office de tourisme St Julien en Genevois et Frangy, blogs de pèlerines et pèlerins,…
Photos : © Les Amis de Contamine-Sarzin, © Gantelet,© Henri Jarnier, Tous droits réservés
Bibliographie : En si bon chemin…vers Compostelle de Léo Gantelet, Pas à pas de Christian Chérasse, En avant, route ! d’Alix Saint-André, Immortelle randonnée, Compostelle malgré moi de Jean-Christophe Ruffin, Les étoiles de Compostelle d’Henri Vincenot, Miam-miam Dodo : Compostelle Mode d’emploi de Jacques Clouteau